Cyber-assurance : pourquoi s’assurer face aux cyberattaques devient essentiel

En 2025, les cyberattaques atteignent des niveaux records. Ransomware paralysant des hôpitaux, vol massif de données clients, escroqueries par usurpation d’identité : aucun secteur n’est épargné. Le coût moyen d’une cyberattaque pour une PME dépasse les 100 000 €, sans compter les dommages sur la réputation.
Face à ces menaces, une réponse émerge : la cyber-assurance. Encore méconnue mais en forte croissance, elle promet d’indemniser les pertes financières liées aux cyber-risques. Faut-il y souscrire ? Est-elle efficace ? Pour quels profils et dans quelles conditions ?
Cyber-assurance : définition et fonctionnement
La cyber-assurance est un contrat d’assurance visant à couvrir les conséquences financières, juridiques et techniques d’un incident de cybersécurité.
Contrairement aux assurances traditionnelles, elle cible des risques immatériels et évolutifs : vol de données, attaque par ransomware, sabotage informatique…
Les acteurs concernés
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PME et ETI exposées à des risques critiques sans avoir les moyens d’une cybersécurité internalisée
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Grands groupes, notamment dans les secteurs critiques (santé, finance, industrie)
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Professions réglementées (cabinets d’avocats, experts-comptables, notaires)
Fonctionnement d’un contrat de cyber-assurance
Un contrat cyber assurance suit généralement les étapes suivantes :
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Souscription : remplissage d’un questionnaire sur l’infrastructure, les pratiques de cybersécurité et la conformité réglementaire (RGPD, ISO 27001…)
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Évaluation du risque : parfois via audit ou scoring par un tiers
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Négociation des garanties : choix des plafonds, franchises, exclusions
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Fixation de la prime : selon la taille, le secteur, l’exposition aux risques, et la maturité cyber
Les points clés
Prime annuelle : un coût proportionnel au risque
Le montant de la prime dépend de nombreux critères : taille de l’entreprise, secteur d’activité, historique d’incidents, niveau de maturité en cybersécurité (existence d’un SOC, formation du personnel, conformité RGPD…).
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Pour une TPE/PME, la prime peut varier de 2 000 à 10 000 € par an.
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Pour une grande entreprise, elle peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, voire plus pour les secteurs sensibles comme la santé ou la finance.
Bon à savoir : certains assureurs proposent désormais des solutions mutualisées ou sur-mesure pour les PME afin de rendre la cyber-assurance plus accessible.
Franchise : la part à charge de l’entreprise
Comme dans toute assurance, la franchise représente la somme que l’entreprise devra prendre en charge en cas de sinistre, avant que l’indemnisation ne s’active. Elle peut être exprimée en montant fixe (ex. : 5 000 €) ou en pourcentage des dommages constatés (ex. : 10 % des pertes directes).
Une franchise élevée permet de réduire le montant de la prime, mais peut limiter l’intérêt du contrat pour les incidents de faible ampleur.
Plafond de remboursement : le maximum indemnisé
Le plafond de remboursement est la somme maximale que l’assureur versera en cas de sinistre. Il peut être :
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par événement (ex. : 100 000 € pour une attaque par ransomware)
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ou par an, en cumul de tous les incidents (ex. : 500 000 € de couverture annuelle)
Ce plafond dépendra notamment :
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des garanties souscrites (vol de données, perte d’exploitation, communication de crise…)
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du niveau de risque évalué à la souscription
Une couverture insuffisante peut laisser l’entreprise avec des pertes importantes à sa charge si le sinistre dépasse ce plafond.
Quels risques peuvent être couverts ?
Une cyber-assurance peut proposer une couverture cyber risques étendue :
Type de risque | Exemples couverts | Garantie associée |
---|---|---|
Ransomware | Chiffrement des données, blocage SI | Restauration, expertise, rançon |
Vol de données / RGPD | Piratage base clients | Notification CNIL, frais juridiques |
Perte d’exploitation | Arrêt du SI, site e-commerce down | Indemnisation CA |
Atteinte à la réputation | Bad buzz, fuite médiatisée | Communication de crise |
Fraude numérique | Virement frauduleux, usurpation d’identité | Remboursement, accompagnement banque |
Crise & expertise | Coordination post-attaque | Accès à experts IT, juristes, PR |
Risques généralement couverts :
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Ransomware : prise en charge des frais d’investigation, négociation, restauration des données
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Vol de données sensibles : assistance juridique, frais d’information des victimes, notification CNIL
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Perte d’exploitation : indemnisation des pertes de chiffre d’affaires dues à l’interruption du système d’information
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Atteinte à la réputation : communication de crise, gestion de l’image, relations presse
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Fraudes numériques : remboursement des virements frauduleux ou usurpations via phishing
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Expertise post-incident : intervention de spécialistes IT, juridiques, psychologiques ou en gestion de crise
Exemple concret de sinistre cyber
Une PME subit une attaque par ransomware : les serveurs sont chiffrés, les données clients inaccessibles. Grâce à son contrat cyber, elle est indemnisée à hauteur de 60 000 € pour :
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frais d’intervention d’un prestataire IT,
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perte d’exploitation sur 7 jours,
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conseil juridique pour notifier la CNIL,
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campagne de communication auprès des clients impactés.
Les avantages d’une cyber-assurance
Une protection financière cruciale
Face à la multiplication des cyberattaques, la cyber-assurance offre avant tout une sécurité financière précieuse en cas d’incident majeur, souvent difficile à anticiper et aux conséquences parfois dévastatrices. Lorsqu’un ransomware paralyse le système d’information d’une entreprise ou qu’une fuite de données sensibles entraîne des sanctions réglementaires, les coûts peuvent rapidement s’envoler : interruption d’activité, honoraires d’avocats, frais de notification, communication de crise…
Dans ce contexte, la cyber-assurance permet non seulement de couvrir une partie significative de ces pertes, mais aussi de bénéficier d’un accès rapide à un réseau d’experts spécialisés. Ces derniers — qu’il s’agisse d’analystes en investigation numérique (forensique), de juristes en droit numérique ou encore de négociateurs en cas de cyber-extorsion — interviennent pour limiter l’impact de l’incident et aider l’entreprise à reprendre son activité dans les meilleures conditions.
Un soutien organisationnel
Au-delà de l’aspect purement financier, la cyber-assurance apporte un véritable soutien organisationnel aux entreprises confrontées à une crise cyber. Lorsqu’un incident survient, le stress interne peut être intense : équipes débordées, direction sous pression, communication à gérer. Dans ce contexte, disposer de procédures d’urgence préétablies et activables immédiatement permet de gagner un temps précieux.
La plupart des contrats incluent un accompagnement opérationnel 24h/24 et 7j/7, piloté par des cellules de crise expérimentées. Ce dispositif rassure les équipes, clarifie les responsabilités et structure la réponse à incident. L’entreprise n’est plus seule face à la menace, et peut agir plus rapidement, avec méthode.
Une valeur ajoutée stratégique
La souscription à une cyber-assurance ne se limite pas à une protection contre les pertes financières : elle pousse également l’entreprise à renforcer sa posture de cybersécurité. En effet, pour être éligible à une couverture efficace, il est souvent nécessaire de mettre en place des mesures de conformité, comme le respect du RGPD, une politique rigoureuse de sauvegarde des données ou encore une segmentation réseau adéquate. Ce processus d’évaluation préalable agit comme un levier d’amélioration continue.
Par ailleurs, être assuré contre les cyber-risques envoie un signal fort à l’écosystème externe. Clients, partenaires commerciaux, investisseurs ou acheteurs potentiels y voient un gage de sérieux et de maturité organisationnelle. Lors de due diligence ou de réponses à des appels d’offres, une telle couverture peut faire la différence, en valorisant l’entreprise comme acteur fiable, conscient des enjeux numériques contemporains.
Les limites à connaître avant de souscrire
Ce que ne couvre pas une cyber-assurance
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Négligence manifeste (absence d’antivirus, mots de passe partagés)
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Non-conformité réglementaire
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Actes volontaires de collaborateurs internes
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Incidents antérieurs à la souscription
Autres limites pratiques
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Délai de carence : parfois 30 à 90 jours après la souscription
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Seuils de déclenchement : certains contrats n’indemnisent qu’au-delà d’un certain montant de pertes
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Complexité des contrats : jargon juridique, exclusions floues
Coût non négligeable
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Prime annuelle élevée pour les structures non matures
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Risque d’une illusion de sécurité : certaines entreprises négligent leur cybersécurité en pensant être couvertes
Les différences majeures entre les assurances cyber et professionnelles
Critères | Cyber-assurance | Assurance professionnelle / multirisque |
---|---|---|
Objet de la couverture | Incidents numériques : ransomware, fuite de données, fraude, DDoS, etc. | Dommages matériels, responsabilité civile, sinistres classiques (incendie, vol…) |
Nature des risques | Risques immatériels, évolutifs et souvent invisibles | Risques physiques ou juridiques tangibles |
Mode d’intervention | Accompagnement en temps réel, experts IT, juridiques, communication de crise | Indemnisation après sinistre, procédures souvent plus lentes |
Exemples de garanties | Prise en charge de rançon, frais de notification RGPD, reconstitution des données | Réparation de locaux, prise en charge des victimes, dommages aux biens |
Exigences de souscription | Audit de cybersécurité, politique interne minimale, conformité RGPD | Déclarations standards, état des locaux ou activité déclarée |
Public ciblé | Toute entreprise exposée au numérique (TPE, PME, ETI, professions réglementées…) | Toutes les entreprises, tous secteurs confondus |
Évolutivité | Contrats souvent adaptés aux nouveaux risques (deepfake, IA, cloud, etc.) | Cadres plus figés, moins spécifiques aux menaces numériques |
Pourquoi la cyber-assurance ne remplace pas la cybersécurité
L’assurance ne prévient pas les attaques, elle en répare les conséquences.
Ce qui reste essentiel
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Mesures préventives : antivirus, pare-feux, EDR, segmentation réseau
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Surveillance active via des outils SIEM ou SOC
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Formation continue du personnel (Security Awareness Training)
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Plan de réponse aux incidents et tests réguliers
L’assurance comme complément
« La cyber-assurance ne doit jamais être une béquille. C’est une protection en dernier recours, et non un substitut à une hygiène numérique rigoureuse. »
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Notre école de cybersécurité forme les spécialistes de demain grâce à des parcours complets, accessibles dès le niveau post-bac jusqu’au Bac+5, spécifiquement orientés cybersécurité. Les programmes conçus avec des experts et nos formations labellisées SecNumEdu (par l’ANSSI) ainsi que par la Région Auvergne-Rhône-Alpes attestent de notre engagement en matière de qualité et de rigueur pédagogique. CSB.SCHOOL est actuellement la seule école à bénéficier de ces deux reconnaissances dans le domaine de la cybersécurité.
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